Le compteur Linky n’en finit pas de faire parler.
On a récemment appris, par la bande, qu’Elise Lucet et son émission Envoyé spécial va participer au débat sur le compteur communicant Linky avec quand même une approche « à charge ».
L’idée a priori est pour Envoyé Spécial de montrer que Linky ne remplit pas toute sa promesse de maitrise des consommations d’électricité. C’est clairement entendable car cela peut dépendre du comportement du consommateur ou de l’installation. Autrement dit, un consommateur mieux informé n’a pas forcément un comportement plus vertueux et une installation où le comptage était défaillant avant le changement de compteur, à l’avantage du client final, peut par construction conduire à une augmentation des consommations mesurées par un compteur flambant neuf. Les compteurs les plus anciens sont souvent peu fiables et en général parce qu’ils comptent moins de kWh que ceux réellement consommés.
D’un autre côté, avec un angle plus académique, deux représentants de la fameuse TSE [Toulouse School of Economics], nous apportent des éclairages très intéressants sur le comptage intelligent (le smart metering) et sur ses vertus.
Leur étude porte sur le comptage intelligent de l’eau dans la ville du Cap en Afrique du Sud. L’eau a ceci en commun avec l’électricité que sa distribution est en réseau, avec ses limites, que la ressource doit être gérée avec attention – risque de rupture d’approvisionnement – et que l’on ne peut durablement s’en passer.
L’eau comme l’électricité peut venir à manquer avec une différence cependant, c’est que le cycle de l’eau est sur des temps longs (on va manquer d’eau sur une période particulière, l’été en Europe) alors que le cycle de l’électricité est sur des temps court, on dispose de moins d’énergie la nuit, en l’absence de soleil, et/ou par temps calme avec peu de production éolienne.
Pour autant, la question de la gestion de la ressource est la même et le rôle du consommateur final dans cette gestion d’une potentielle pénurie est essentiel.
Ainsi, la ville du Cap a déployé le Water Management Device, le compteur d’eau intelligent en quelque sorte. Il permet au consommateur final de savoir et de se limiter dans sa consommation d’eau et le risque étant clairement perçu par la population, l’engagement de la population est là. Il est vrai que s’il l’on se compare à notre situation avec Linky et l’électricité, personne ou presque n’imagine en manquer. Et si cela devait arriver, l’immense majorité dénoncera avec véhémence l’Europe, le gouvernement français ou EDF. C’est l’un des points qui mérite d’être pris en compte par la Cour des Comptes ou je ne sais quelle organisation de consommateurs, pour que Linky soit une aide à consommer moins, il faut cette conviction de la pénurie et donc de la nécessité de maitriser ses consommations … ou faire que le prix soit particulièrement incitatif à la sobriété.
Pour revenir à la ville du Cap, elle a obtenu de très bons résultats pour l’eau et constate peu ou prou la même chose pour l’électricité avec des compteurs électriques avec pré-paiement, une solution plus rudimentaire que Linky mais qui, comme Linky, permet de bien appréhender ce que l’on consomme.