On a tous entendu dire le potentiel considérable de création d’emplois induits par la transition énergétique. L’Ademe vient par exemple de produire le chiffre de 340 000 emplois créés dans sa contribution au débat sur la Programmation Pluriannuelle de l’Energie.
L’association CLER, principale contributrice au scénario NégaWatt, nous donne environ les mêmes chiffres.
Nous sommes pour ce qui nous concerne clairement soucieux de la création d’emplois, c’est le moins qu’on puisse attendre de la CFDT. Mais notre inquiétude tient à là où se développerons ces emplois.
Les emplois liés à l’isolation des bâtiments, à l’installation de systèmes de chauffages performants, sont par nature des emplois de proximité et sont totalement crédibles. Ce sont des emplois de la filière BTP.
Si on regarde maintenant les emplois liés au strict secteur énergétique, on va évidemment avoir de la destruction d’emploi dans les filières historiques : énergies fossiles, énergie nucléaire. Et les espoirs sont que ces emplois détruits seront largement compensés par les emplois liés aux nouveaux modes de production (éolien, photovoltaïque et filière biomasse).
Or, cela ne fait plus l’ombre d’un doute, les filières industrielles de l’éolien et du photovoltaïque n’existent plus en France exception faite de la pose. Cette situation n’est bonne ni pour l’emploi ni pour la balance commerciale de la France. Nous sommes convaincus qu’il faut développer des emplois sur des secteurs qui contribuent aussi aux exportations et à la valorisation de nos savoirs faire. Nous devons être ambitieux et ne pas nous contenter d’emplois de poseurs de laine de roche ou de panneaux photovoltaïques même si développer ces métiers est essentiel pour la réussite de la transition énergétique et la réduction du chômage en France, mais cela ne suffit pas.
Nous sommes pour autant soucieux d’investir dans les filières dans lesquelles la France peut encore être un des leaders.
Nous insisterons aujourd’hui sur l’importance de profiter d’un réseau électrique performant, moderne et avec des acteurs puissants pour s’imposer dans la conception et la mise en œuvre de réseaux intelligents (les fameux smartgrids).
Nous militons pour que les acteurs industriels des objets connectés, des automates de réseaux, du numérique, de la production d’électricité et évidemment les gestionnaires de réseaux développent avec le haut patronage de l’état un écosystème qui permettra à la France d’être leader et exportatrice de solutions sur les réseaux intelligents.
Ces réseaux intelligents sont la clé de l’accès à l’électricité pour le continent africain, pour les zones insulaires et pour tous les territoires isolés pour toute la population en respectant les contraintes « bas carbone ».
Il faut d’ailleurs souligner que la France est une très mauvaise terre d’expérimentation pour les réseaux intelligents dans la mesure où le réseau est déjà très performant et que donc le besoin n’est pas à ce point présent. Tout le contraire de l’Afrique où des millions d’habitants vivent à l’écart du réseau existant (bien fragile) et où il faut trouver des solutions économes en investissement et rapidement opérationnelles.
Il nous semble donc essentiel de développer les compétences et les acteurs industriels sur les « smartgrids », d’en faire profiter principalement les zones qui en ont besoin pour lancer cette ambition d’une industrie leader dans les réseaux intelligents en France.