Je ne vais pas vous ressortir les tracts émanant de la CFDT, de la CGT, de FO ou de la CGC qui depuis des années voire des décennies nous disent leur opposition aux mécanismes hérités de la première directive sur l’énergie en 1996 et le funeste sommet de Lisbonne de mars 2000 [je m’en souviens encore avec Jacques Chirac et Lionel Jospin qui ont abandonné en rase campagne notre système électrique hérité de l’après-guerre].
Seulement, plus de 20 ans après, ce sont les entreprises du secteur, les historiques, qui nous disent l’échec que constitue cette politique pour les systèmes organisés dont disposaient les pays membres. Chaque pays avait son système électrique particulier. Chaque système était en phase avec des choix nationaux de performance, d’indépendance, de régionalisme, etc.
Or, on a eu de cesse de chercher à imposer un seul et même modèle à l’Europe entière. C’est assez curieux d’ailleurs de rechercher cette uniformité dans l’organisation du marché et de dire, à Bruxelles comme à Strasbourg, qu’il faut donner aux territoires la latitude d’action au plus près du consommateur. La France, comme tous les autres pays européens, constitue un territoire qui avait le meilleur système pour lui-même.
Mais le rouleau compresseur européen était en marche et les systèmes électriques des pays européens ont été profondément bouleversés. En bien ? Pas vraiment vu de nous.
Pas vraiment non plus vu de la société EDP (Electricité du Portugal).
François Dauphin, Directeur chez DXC Technology, nous explique que EDP a publié dans son dernier rapport d’activité ses choix stratégiques au regard du fonctionnement de l’électricité. En l’espèce, EDP a fait le choix de se concentrer sur les activités « régulées » c’est à dire les activités qui lui assurent des revenus quasiment garantis. On trouve parmi ces activités la production d’énergies renouvelables avec des prix de rachat garantis, la vente au détail de l’électricité auprès des clients en tarif régulé et enfin les services énergétiques.
De ce point de vue, on peut donner à titre d’exemple les prix de marché de l’électricité sur le spot qui ont percé le plancher de [ moins 40€/MWh ]. Et ce n’est pas avec des prix pareils et avec une volatilité de la sorte que les électriciens peuvent ET gagner de l’argent ET avoir des perspectives à moyen-long terme. In fine, quasiment plus aucune entreprise ne s’engage en dehors des activités où les risques sont couverts par l’état.
Soyons clair, avec les dérives profondes du marché, le pire est probablement à venir si on continue dans cette voie doctrinaire et dénuée de toute autocritique.