Jour J de l’arrêt de la production d’électricité du réacteur 1 de Fessenheim. Analyse d’un spécialiste avec Nicolas Goldberg.

D’ici quelques heures, le réacteur de Fessenheim 1 va cesser de produire de l’électricité. C’est un évènement riche de nombreux enseignements.
Laissons cependant la parole à un spécialiste du secteur, Nicolas Goldberg, interviewé par BFM Business.

nicolas g

Tout d’abord, abordons la question de l’abandon de 900 MW de puissance à disposition du système électrique. Selon Nicolas, c’est le premier acte de la fermeture annoncée de 16 réacteurs (Fessenheim 1 compris) ce qui impose de prévoir l’après. L’après, c’est ou de nouveaux réacteurs ou une solution hybride Energies Renouvelables / Gaz (pour compenser l’intermittence). De plus Nicolas souligne l’importance d’appréhender avec précaution la fermeture tout de même rapide de 25% de nos capacités de production.

Le journaliste de BFM qui répond « il en reste 40 tout de même » est de façon symptomatique dans le courant de pensée qui promeut l’approche dogmatique plutôt qu’une réflexion pragmatique. Si on ferme 1 réacteur sur 4, va-t-on dire à un français sur 4 qu’il n’aura plus d’électricité ? Qu’il en reste 40 ne dit rien sur comment et par quoi remplacer les 17 qui vont être arrêtés et c’est tout de même la question.

Ensuite, Nicolas expose les 2 problématiques qui s’ajoutent à celle de la nécessité de trouver environ 15 GW de puissance disponible à tout moment. Une paille. C’est l’équivalent de 5000 éoliennes terrestres si elles « tournaient » tout le temps à pleine puissance. Or, comme le facteur de charge est de 25% au mieux en moyenne, c’est donc plutôt 20000 éoliennes terrestres avec un risque majeur quand on n’a plus de vent. On le voit ici très simplement, c’est un problème complexe. Surtout que 20000 éoliennes, c’est environ 80 milliards d’euros d’investissement (le coût d’une de ces éoliennes est d’environ 4 millions d’euros).
Sortons des postures simplistes sur cette question du mix électrique, nous y reviendrons avec l’Allemagne où les prises de paroles pour dénoncer l’immense gâchis financier de l’Energie Wende se multiplient.
Mais revenons à l’analyse de Nicolas Goldberg. Il pointe le risque de laisser les seules Russie et Chine maitriser la technologie nucléaire. Comme Nicolas l’indique, la maîtrise de ces savoirs est un marqueur important dans le concert diplomatique mondial. La capacité à construire et exploiter de telles installations fait qu’on est ou pas une grande puissance technologique. On peut faire le parallèle avec le spatial.
Nicolas Goldberg pointe donc dans cette interview les grands enjeux du débat sur le nucléaire, ce que cela représente basiquement sur la sécurité d’approvisionnement en électricité mais plus largement sur ce que représente la France dans le concert économique et diplomatique mondial.
Merci Nicolas pour le partage de cette expertise.

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