Dans le système électrique, que l’on soit sur la sécurité d’approvisionnement ou sur la lutte contre le réchauffement climatique, il faut trouver le maillage pertinent

L’Europe vient de pointer du doigt les mauvais élèves du développement des énergies renouvelables. Il est clair que l’objectif visé est la lutte contre le réchauffement climatique par une réduction des émissions de CO2.

L’objectif en la matière était assigné pour chacun des pays membres et se situe à 23% du mix électrique issu de renouvelables.

On est encore une fois dans une pure vision dogmatique et administrative.

La France est très peu émettrice de CO2 sur sa production d’électricité (environ 45 gr CO2/MWh), l’Allemagne l’est 10 fois plus, mais l’objectif est le même et la part de renouvelable aujourd’hui dans les 2 pays est la même, environ 16,5%.

CO2 elec europe
Source : RTE (France)

Ces 2 pays ont donc des métriques équivalentes sur la part de renouvelables mais pas du tout du même niveau sur les émissions de CO2. De fait, on peut se dire que la part du renouvelable dans le mix électrique n’est PAS la bonne mesure à prendre.

Pour l’Allemagne, si le pays devait quitter le charbon et le lignite pour aller vers du gaz naturel, il réduirait ses émissions de CO2 de 30% environ. Sans faire bouger la part de renouvelables.

Sur un autre pays membre, le Danemark qui est parfaitement plat, presque toujours venté, il bat tous les records de production renouvelable mais d’abord parce que sa géographie le lui permet.

Donc, avoir une vision normative, aveugle même et éloignée du local des objectifs, c’est s’assurer d’être contre-productif.

Sur la définition de la bonne maille, on vient de voir les limites d’une vision qui nie les réalités locales.

A l’inverse, sur la sécurité d’approvisionnement en électricité, un très puissant courant de pensée cherche à imposer une approche strictement locale des systèmes électriques. La région Occitanie dit son ambition d’être autonome ET renouvelable sur l’approvisionnement en électricité.

occitanie tepos

La métropole de Bordeaux est elle aussi dans une approche individuelle. Et de nombreux territoires mettent en avant une approche « circuit-court » de l’électricité en allant jusqu’à l’ilotage (coupé du reste du réseau).

C’est donc tout l’inverse du premier point évoqué où, à trop laisser le local se prendre en main, on perd tout le bénéfice de la solidarité entre les territoires.

On l’a déjà dit ici, depuis le conflit entre Edison et Tesla, on a acquis la conviction scientifique qu’un système électrique a toujours un avantage à être largement maillé. Même la France de la première moitié du 20ème siècle, qui pourtant avait la capacité de stockage très souvent évoquée – avec les ouvrages hydrauliques – a fait le choix salutaire économiquement d’un grand réseau bien maillé qui nous a permis de disposer d’un optimum global en termes de coûts et de qualité absolument indiscutable.

Revenir à des réseaux locaux, plus ou moins interconnectés pourra donner à certains opportunistes d’améliorer localement l’efficience du système mais il est sûr que pour d’autres, la situation va considérablement se dégrader.

N’oublions pas que la somme des optimums locaux ne fait pas un optimum global.

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