Hier 3 novembre 2019, le président de RTE François Brottes a pris la parole et nous a alerté à plusieurs reprises sur les risques relatifs au système électrique. Quelques verbatim :
De grands mouvements en cours sur le secteur de l’énergie avec des conséquences fortes pour les réseaux électriques. Nous devons rester vigilants car dans les années à venir les réseaux vont être assez fortement sollicités.
Il faudra favoriser la flexibilité énergétique ; l’effacement en est d’ailleurs une bonne formule.
Pour cet hiver on a annoncé que ça ne se passerait pas mal… Mais depuis notre annonce, nous avons appris qu’un certain nombre de réacteurs vont avoir rendez vous avec des réparations.
La sécurité de l’approvisionnement est un enjeu majeur. Cela nécessite des réseaux et la flexibilité des usages.
On peut déceler très simplement que RTE a tout récemment intégré les problèmes liés à la disponibilité des moyens de production nucléaires, le besoin de développer les flexibilités à très court terme, sans compter la valeur des interconnexions au moment où on en a besoin, point également évoqué par le Président Brottes.
Notons également un sujet qui n’a pas été évoqué par le président de RTE, le programme de mise en oeuvre des parcs éoliens offshores est déjà en retard. Les premiers MWh éoliens offshores ne sont pas attendus avant 2023. D’ici là, on ne peut donc pas compter sur ces nouveaux moyens de production.
Donc, pas besoin de sortir de Polytechnique comme on dit pour comprendre qu’à la sortie programmée du charbon (environ 3 GW), la fermeture des 2 réacteurs de Fessenheim (1,8 GW), tout cela pour 2020 et enfin un EPR (1,6 GW) qui ne produira rien avant 2022 a priori, ça va être compliqué, très compliqué.
C’est donc plus de 6 GW électrique qui ne seront plus mobilisables. C’est en ordre de grandeur 10 000 éoliennes de 3 MW avec un facteur de charge de 20% (ce qu’on connait en France).
En clair, si d’ici l’hiver 2022/2023 compris on connait un « goutte froide » comme l’appellent nos météorologues sur l’Europe Occidentale, nul doute que la situation sera très difficile à gérer pour RTE et pour chacun d’entre nous. Et sortons du mythe de l’aide des pays voisins, leur situation sera dans de telles circonstances pire que la nôtre.
Comme l’a dit le président Brottes, les français vont devoir développer la flexibilité. Ou comme l’a dit récemment Nadia Maïzi de l’Ecole de Mines, nous allons devoir nous déshabituer d’une électricité TOUJOURS disponible.