Colette Lewiner de CapGemini nous dit en substance que l’Europe est en tête dans les énergies vertes car :
- nous avons atteint l’essentiel de nos objectifs
- les investissements sont au rendez-vous
Les objectifs sont les fameux 3X20 soit : 20% de réduction des émissions de gaz à effet de serre, 20% d’énergies renouvelables dans le mix et 20% de gain dans l’efficacité énergétique.
Pour être exact quant à l’atteinte des objectifs du 3X20, CapGemini précise que l’objectif sur l’efficacité énergétique ne sera pas atteint au contraire de celui sur les 20% d’énergie renouvelable.
Face à ces constats, nous souhaitons y ajouter un complément, une sorte de variable supplémentaire dans la règle des 3×20. C’est l’emploi.
L’Europe a engagé 150 milliards d’Euros l’année dernière pour atteindre ces objectifs. Ces 150 milliards d’aides publiques ont été pour moitié dédiés au développement du photovoltaïque et de l’éolien et pour l’autre moitié à des financements concernant l’efficacité énergétique.
Si on regarde maintenant l’impact de ces 150 milliards dépensés en un an sur l’emploi, on peut s’interroger voire s’inquiéter.
Concernant les panneaux photovoltaïques, « la messe est dite ». L’Europe a décidé l’an dernier de supprimer les taxes à l’importation sur ces panneaux chinois pour précisément atteindre l’objectif de 20% de renouvelable, comme on dit, la digue est ouverte et le raz de marée est bien là. Nous n’avons donc quasiment plus d’emplois industriels dans la filière solaire, juste des poseurs (sans injure pour eux mais on aurait aimé conserver cette industrie au moins pour la balance commerciale !).
Pour l’éolien, la situation est moins dramatique même si le parc éolien français est équipé avec une quasi totalité (environ 90%) d’éoliennes construites en dehors de l’hexagone mais encore majoritairement en Europe. Une conséquence de la taille de ces matériels, il est en effet difficile d’imaginer importer massivement de telles super-structures. Cependant, toujours très peu d’emplois en France, il nous reste l’opportunité de l’éolien off-shore.
Voilà donc ce qui nous différencie avec CapGemini. Pour nous, l’emploi est une exigence dans la dépense publique. Si l’Europe par des engagements à hauteur de 75 milliards d’Euros par an fait se développer l’emploi en Chine, on ne peut parler de succès. Même si c’est pour atteindre l’objectif de 20% de renouvelable – et nous partageons pleinement cet objectif européen – on ne peut totalement se féliciter de perdre des emplois et de dégrader notre balance commerciale déjà dramatiquement déficitaire. De plus, importer des matériels dans de telles quantités provoque de fait des émissions de CO2 considérables mais hors de l’hexagone. Est-ce là vraiment lutter contre le réchauffement climatique. De nombreuses études voient le jour sur le coût complet environnemental du français, pas brillant! Le poids en CO2 de nos importations est considérable.
A l’inverse, le développement de l’efficacité énergétique est a priori source d’emplois en France. Remplacer de vieilles chaudières au fioul ou au gaz, isoler les logements, etc. tout cela contribue significativement à la réduction des émissions de CO2 avec des emplois massivement non-délocalisables. Et c’est dommage car c’est l’objectif qu’on n’a pas atteint.
Nous demandons que la variable « emplois » soit intégrée dans l’attribution des aides publiques. La lutte contre le réchauffement climatique peut et doit être profitables aux travailleurs français et européens.