Quand le gouvernement fait fausse route sur la décentralisation

Le président Macron nous a annoncé lors de sa dernière conférence de presse, conclusion de fameux grand débat, qu’il va aller plus loin dans la décentralisation, en particulier sur les questions de transition écologique (et énergétique).

Or cette décentralisation est souvent comprise chez non politiques (barons) locaux comme la possibilité de revenir des décennies en arrière avec la mise en place de régies locales d’électricité et de gaz.

L’idée est pour les grands décideurs locaux de décider de politiques de transition énergétique (avec Occitanie qui ne veut plus que de l’éolien et du photovoltaïque ou Hauts de France qui veut bannir l’éolien).

Mais c’est aussi de vouloir reprendre en gestion propre la distribution et la commercialisation de l’électricité.

Et le ministre d’état De Rugy est aujourd’hui l’ambassadeur en chef de cette décentralisation à marche forcée. Il a ainsi décidé d’organiser le G7 Environnement à Metz, terre historique de l’UEM – Usine Electrique de Metz (modèle historique des Stadwerke allemande puisque créée en 1900 sous domination allemande) – en expliquant au passage que l’UEM est l’une des plus grandes réussites française en termes environnementaux.

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Mais l’UEM c’est de la production d’électricité à la biomasse, au gaz et au charbon, c’est un modèle économique qui vit (très bien) grâce à une législation qui est extrêmement favorable aux petits distributeurs locaux et c’est nettement moins de 1% des clients qui ont quitté cet opérateur car très difficile à réaliser.

Deux mots sur la législation très favorable à l’UEM et aux autres entreprise locales de distribution de l’électricité.

Pour assurer la fourniture de l’ensemble de leur clientèle résidentielle, ces entreprises locales de distribution profitent ET d’un tarif de cession de l’électricité avec EDF qui leur assure un accès à la ressource extrêmement compétitif et sans risque industriel (merci EDF. Elles profitent par ailleurs des subsides issues du fond de péréquation tarifaire de la part d’Enedis.

Ces dispositions datent de l’après-guerre avec la création d’EDF et sont extrêmement profitables pour les ELD.- Entreprises Locales de Distribution.

Facile dans ces conditions d’être performant et rentable. Imaginons maintenant que tous les territoires se mettent en ELD,le système ne tiendra plus, trop de coucou et pas assez de producteurs.

Encore une fois, sayons sérieux et ne pensons pas à la philanthropie des acteurs locaux, ils feront de l’argent soyons en sûr.

Rappel : le meilleur système électrique est celui qui assure le plus grand foisonnement à la production comme à la consommation avec les plus fortes solidarités.

 

Une réflexion au sujet de « Quand le gouvernement fait fausse route sur la décentralisation »

  1. Le problème c’est l’excès. L’excès de centralisation, ce n’est pas bon. L’excès de décentralisation, pas plus. Et la décentralisation est en France un prétexte au désengagement de l’Etat, avec les risques que cela comporte pour la solidarité et la fraternité à l’échelle de la Nation. Désengagement idéologique porté par l’ultra-libéralisme (je te vois courir !). Sans parler évidemment, sur un plan plus cynique, de la désoptimisation socio-économique que cela engendre, des pertes de gains d’échelle, notamment dans l’organisation de l’électricité. Une voie est pourtant laissée à l’abandon dans le discours ambiant : la déconcentration de l’Etat et des pouvoirs publics. C’est un bon moyen de garder les avantages de la centralisation tout en restant proche du terrain. Pour peu qu’on mette des personnes à l’écoute des populations dans les organes déconcentrés de l’Etat (préfet, etc).

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