L’ARENH est un dispositif qui permet aux différents fournisseurs d’électricité de disposer de l’énergie nécessaire pour pouvoir la vendre à leurs clients.
Typiquement, à l’heure où j’écris ces lignes, le prix « spot » de l’électricité est à 137,5 €/MWh et les fournisseurs autres qu’EDF peuvent acheter ce même MWh à 42 € pour peu qu’ils l’aient anticipé.
Tout cela dans la limite de 100 TWh soit un peu moins d’un quart de la production totale d’électricité issue du nucléaire.
Mais certains osent tout même de là d’où on ne l’imagine pas.
Un éminent dirigeant de la filiale de Total, Direct Energie, nous explique qu’il faut permettre aux autres fournisseurs d’électricité, dont Total, de bénéficier de plus d’ARENH pour proposer des prix bas. La même personne nous dit en plus que si tel n’est pas le cas, le gouvernement en portera la responsabilité devant les « gilets jaunes ». AU SECOURS.
On a donc un produit qui vaut 137,5 € là maintenant, que certains fournisseurs achètent à 42 € auprès d’un des acteurs de ce marché [c’est déjà un drôle de truc], et l’entreprise la plus riche, la plus grosse et sans doute l’une des plus forte contributrice au réchauffement climatique, en demande encore plus. Est-ce bien sérieux ?
Le nucléaire est d’abord un bien public qui doit permettre de disposer d’une électricité décarbonée dans les meilleures conditions de sécurité. Que des entreprises privées, des actionnaires mondialisés, le détourne pour augmenter leurs bénéfices, c’est insupportable.
De plus, par ce mécanisme où le fournisseur (les centrales nucléaires) doit vendre à bas prix son produit conduit très certainement à devoir compenser ce prix bas par des gains de productivité toujours plus importants… ce qui n’est sans doute pas à mettre au crédit de l’amélioration de la sécurité.