La rentrée est toujours un moment particulier, et pas que pour les collégiens et lycéens.
Elle est cette année riche en nouveautés et annonces sur le front de l’énergie.
Tout d’abord, évoquons la vente d’électricité qui est toujours un sujet d’inquiétude pour EDF qui voit ses clients quitter l’opérateur historique à un rythme soutenu (plus de 100 000 par mois) et des nouveaux entrants sur ce marché toujours plus agressif. Le dernier arrivé est issu de la grande distribution : E.Leclerc.
Ce marché de l’électricité est en profond bouleversement. EDF Commerce a récemment adossé des réductions chez Castorama (sous certaines conditions) à la souscription à ses contrats de gaz ou d’électricité. De façon moins visible, Direct Energie offrait un dîner pour les clients qui venaient chez eux lors d’un déménagement et ENI offrait pour sa part 2 heures de ménages à ses nouveaux clients en mobilité.
Mais l’initiative de l’enseigne E.Leclerc aura probablement plus d’impact. En effet, environ 15 millions de ménages fréquentent au moins une fois par an cette enseigne et beaucoup d’entre eux disposent de la carte Leclerc. Or, l’enseigne vient de proposer son offre de fourniture d’électricité avec une remise de 20% sur la consommation d’électricité hors taxes en bon d’achat.
Leclerc ambitionne rien de moins que 3 millions de clients d’ici 2021 !
Jusqu’à récemment, le marché de la commercialisation de l’électricité était réservé à des acteurs spécialisés, historiques ou nouveaux entrants. Or, avec Cdiscount d’abord et E.Leclerc maintenant, ce sont des spécialistes de la vente et du marketing qui arrivent, des acteurs qui sont capables de vraiment bouleverser le marché.
Et là-dessus revient le débat sur le tarif régulé de vente dit Tarif Bleu.
Le gouvernement a décidé la semaine dernière de mettre fin au tarif régulé du gaz et les lobbyistes du marché dérégulé (avec tout de même une régulation au détriment des opérateurs historiques, cf ARENH) s’active pour convaincre le pouvoir de le supprimer aussi pour l’électricité.
On peut craindre dans cette hypothèse de suppression du Tarif Bleu une guerre commerciale extrêmement féroce. Et ce sera la fin d’une certaine forme de service public de l’électricité. Il restera (espérons pour un bon moment) l’acheminement de l’électricité (avec RTE et Enedis) pour incarner ce service public essentiel pour beaucoup d’entre nous.
Pour revenir sur l’enseigne Leclerc, une dernière question est encore sans réponse (pour nous), les gestionnaires de ces contrats sont-ils salariés de Leclerc et sont-ils en France ?
Tous les autres commercialisateurs à l’exception d’EDF et de quelques petits fournisseurs alternatifs comme Enercoop ont fait le choix de l’externalisation majoritairement « off-shore » (hors de France).