La prestigieuse Cour des Comptes dit tout le mal qu’elle pense du modèle économique qui a été validé pour l’installation des plus de 30 millions de compteurs Linky.
En l’espèce, la Cour des Comptes dit que les bénéfices du compteur communicant vont aller à l’amélioration des comptes d’Enedis et pas à la réussite de la transition énergétique.
Vous l’avez souvent lu dans la matinale, nous croyons fermement à la contribution des réseaux intelligents dans la réussite de la transition énergétique.
Illustrons rapidement cette conviction.
Quand le vent souffle fort dans les pales des éoliennes du nord de l’Europe et du la péninsule ibérique (clairement une situation où les prix de l’électricité tendent vers zéro voire deviennent négatifs), il faut inciter les consommateurs à produire de l’eau chaude à l’électricité, chauffer les accumulateurs électriques voire pour les plus motivés en profiter pour recharger tous les appareils rechargeables, voiture comprise !
Et si le vent tombe, ainsi que la nuit, il faut au contraire inciter les consommateurs à modérer leur consommation car c’est à ce moment que les centrales au lignite ou au gaz prennent le relai (et on n’a pas trouvé d’autre solution à ce jour).
Pour que le consommateur adapte sa consommation tel qu’on vient de le montrer, il faut lui permettre de compter les kWh verts la première des situations) et aussi de compter les kWh noirs (les seconds).
Et sans Linky ou un équivalent, on ne pourra mettre en œuvre cette dynamique vertueuse qui libère le consommateur quand on est sur un mix électrique très bas carbone et qui le contraint dans la situation inverse.
Pour autant, il est évident que le compteur Linky aura des effets positifs sur les coûts des gestionnaires de réseaux électriques. La Cour des Comptes dénonce par ailleurs ce qu’on appelle la régulation incitative c’est à dire que si le gestionnaire de réseau (Enedis pour l’essentiel) tient ses coûts et ses délais, il en sera financièrement récompensé. A l’inverse, il sera pénalisé si le projet ne respecte pas la promesse initiale. C’est plutôt vertueux et c’est in fine au bénéfice de la collectivité, c’est donc tout à fait respectable.
A ce sujet, le régulateur (CRE), qui a été invité par la Cour des Comptes à revoir sa copie n’a clairement pas pris à son compte les avis de la Cour et a défendu sa conception de l’incitation à bien faire.
La Cour des Comptes ne rend pas service à la transition énergétique. Elle peut critiquer l’usage qui est fait des recettes des gestionnaires issues du TURPE mais jeter le bébé avec l’eau du bain comme elle le fait ici n’est pas très responsable … ou traduit une réelle méconnaissance des leviers disponibles pour réussir la transition énergétique.
Pour les plus intéressés, voici la réponse de la CRE à destination de la Cour de Comptes qui dit notamment » Sans la réussite du Projet Linky, …, il n’y a pas de transition énergétique. »