C’est un élément que nous évoquons régulièrement dans la matinale, arrêtons-nous aujourd’hui avec un peu plus de détail sur l’effacement.
Dans le débat sur la transition énergétique, beaucoup font preuve de simplisme voire frisent la caricature.
Par exemple, de nombreux observateurs (pas toujours compétents ou un peu malhonnêtes) se félicitent de la croissance soutenue des moyens de production renouvelable. Or, quand on installe 300 MW de puissance dans l’éolien (à comparer aux 900 MW d’un réacteur de Fessenheim ou au plus de 1600 MW de l’EPR), on ne produit peu ou prou que 23 % (source RTE) de ce qu’elle aurait produit si elle avait fonctionné tout le temps à puissance nominale. De plus, les 23% de taux de charge nous donnent le rendement de l’installation mais il est impossible de prévoir quand on disposera de la production de ce parc éolien. On parle ici de l’intermittence et de la non prévisibilité de ce moyen de production.
En clair, le développement des énergies électriques renouvelables inverse la logique du système électrique. Auparavant, on s’assurait avec les moyens de production thermiques (charbon, fioul, gaz, nucléaire) de produire suffisamment au regard de la consommation (que l’on sait prévoir). Aujourd’hui, si l’on veut réduire nos émissions de CO2, il faut de plus en plus adapter sa consommation au parc de production avec la prise en compte de l’intermittence et de la difficulté à prévoir les volumes d’énergie produits.
Vu du consommateur, particulier comme industriel, cela veut dire que le kWh consommé est, relativement à la transition énergétique bas carbone, à considérer par rapport au moment où il est consommé. 1 kWh consommé quand le soleil est au rendez-vous et que les éoliennes « tournent », en général quand le prix spot de l’électricité est bas voire négatif, est 1 kWh Vert, quasiment sans émission de CO2. A l’inverse, quand les énergies renouvelables n’injectent rien ou presque sur le réseau, le kWh est fortement voire très fortement carbonné.
C’est là qu’intervient l’effacement. L’effacement, c’est adapter sa consommation intelligemment par rapport à la production. Et pour ce faire, le signal prix est un excellent indicateur pour connaitre le moment pertinent quand il est utile de s’effacer.
L’ADEME a en fin d’année dernière rédigé un dossier particulièrement documenté sur ce sujet.
La CFDT est intervenue auprès des instances européennes (Commission et Parlement), auprès de la CRE et a contribué aux travaux de la PPE (Programmation Pluriannuelle de l’Energie) pour que la transition énergétique pilotée par le gouvernement s’appuie pleinement sur ce levier.
Nous pensons en effet que cette gestion dynamique de la consommation, c’est à dire consommer en fonction du mix de production en temps réel, est aujourd’hui rendu possible avec le développement du numérique et du big data (traitement de données en masse et en temps réel) permettra de réduire significativement les émissions de CO2 au niveau européen. Nous pensons également que c’est un axe important de développement de compétences et d’emplois très qualifiés pour demain.
C’est l’un des principaux enjeux du débat public sur la PPE qui vient d’être engagé.