Le 4ème paquet Energie autrement nommé « Une énergie propre pour tous les européens » a déjà largement été évoqué ici.
Nous avons eu l’occasion de souligner les risques que fait peser ce projet de Directive sur la péréquation tarifaire, la solidarité entre les territoires et la complexité pour le consommateur de faire face à la complexité du « nouveau » marché que prépare l’Europe.
Lors de cette rencontre, nous avons pu rencontrer les principaux décideurs Bruxellois avec le Directeur Général à l’Energie de la Commission Européenne, le responsable du Cabinet du Président du Parlement Européen ainsi que le président du Conseil Economique et Social Européen.
Pour résumer en quelques mots les ambitions, unanimes, des instances européennes, il s’agit de proposer une énergie propre et économiquement accessible à l’ensemble des européens. La place centrale du consommateur a systématiquement été présentée mais pas toujours avec la même approche.
Tantôt ce consommateur est perçu comme celui qui obligera les acteurs du marché à proposer une énergie propre, tantôt il est perçu comme celui qui, par son acceptation, permettra de développer une énergie propre.
De ce constat, nous avons souligné le risque que cette stratégie qui consiste à donner les « clés » au consommateur final présente des risques importants de mettre fin à ce que nous avons mis des décennies à construire en France : un système électrique solidaire.
En effet, aujourd’hui, chaque territoire fait partie d’un système intégré au niveau national. Cela permet à la collectivité nationale de profiter des potentialités de chacun de ces territoires : l’énergie peut être produite là où il y a des fleuves, des côtes, là où il y a du vent ou du soleil et consommée là où l’on ne dispose pas de ces avantages.
Ensuite, l’accès à l’énergie fait que l’acheminent de l’électricité ne dépend pas de la distance qu’elle doit parcourir pour aller jusqu’au consommateur final et les prestations d’accès sont tarifées de façon identiques sur l’ensemble du territoire (péréquation tarifaire et principe du timbre poste).
Face à cela, la CFDT a dit sa volonté de soutenir les objectifs de la Commission mais elle a souligné l’importance de prendre en compte la situation d’où l’on part selon le pays. En clair, la France avec quasiment un gestionnaire de réseau national d’un côté et de l’autre l’Allemagne avec 900 gestionnaires locaux (StadtWerke) fait que, de notre point de vue, le chemin à suivre ne peut être le même.
Face à cette recommandation de la CFDT de prendre en compte la situation initiale de chaque pays pour atteindre ce marché de l’électricité européen, le responsable au sein de la Commission, Klaus Dieter Borchardt, nous a dit comprendre cet argument et nous a dit que pour une situation telle que la nôtre, en France, il faudra donner le temps nécessaire aux transformations.
Nous continuerons à donner notre éclairage aux décideurs pour que la nécessaire transition énergétique se mette en oeuvre au bénéfice de tous et pas de quelques uns.