Entamons cette série sur solidarité et réseaux électriques avec un retour en arrière …

En 2003, François Soult (ou plutôt un groupe de haut-fonctionnaires) sortait un livre intitulé : EDF, Chronique d’un désastre inéluctable.

L’auteur nous expliquait alors les problèmes qu’allait créer la dérégulation mal maitrisée du secteur de l’électricité. Il nous expliquait en particulier les problématiques liées aux surcapacités de production d’un produit que l’on ne peut pas stocker.

Cette question des surcapacités étaient à cette époque sous estimées par l’auteur par rapport à ce que l’on connait aujourd’hui. On a en effet des surcapacités importantes mais de plus avec des caractéristiques singulières en termes de temporalité (le lien avec l’intermittence) et de spatialité (le lien avec les régions de production).

Dans cet ouvrage, François Soult prend particulièrement exemple sur le Royaume-Uni et sur British Energy. On avait effectivement des surcapacités importantes sur un marché donné (l’Angleterre) et de façon permanente (une base nucléaire et thermique au-delà des besoins).

Pour autant, l’auteur voyait juste. Les raisonnements qu’il tenait sur les déséquilibres permanents du marché de l’électricité (du fait que ce produit ne se stocke pas) sont encore plus importants aujourd’hui avec les disparités encore plus fortes dans la capacité à produire de l’électricité à un moment donné sur des territoires donnés.

14 ans après, on peut facilement prolonger le raisonnement décrit dans cet ouvrage. Et c’est bien ces déséquilibres liés à un marché en recherche de stabilité permettent à certains (les traders par exemple) d’en tirer profit au détriment en général des consommateurs finaux.

Quand l’électricité peut comme en 2016 évoluer entre -500€/MWh et +1600€/MWh, on imagine aisément que certains opérateurs peuvent, sur des logiques spéculatives, faire beaucoup d’argent.

C’est dans ce type de situation que les réseaux interconnectés, permettant la solidarité, prennent toute leur valeur.

Les déséquilibres évoqués ci-dessus, les évolutions temporelles dans la production d’électricité d’un territoire donné permettent de faire que ceux qui ont trop de production (et qui ne peuvent la stocker) mettent à disposition de ceux qui ont moins. Cette logique de vases communicants permet tout à la fois de trouver un optimum économique global et de mettre en oeuvre les solidarités entre territoires qui sont tellement nécessaires à nos sociétés.

L’ouvrage de François Soult (écrit en 2003) pointait déjà cette dualité de l’optimum global et des réseaux solidaires.

 

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